~ Ode à Tobie ~

Tobie Lolness, L’intégrale, de Timothée de Fombelle (Gallimard Jeunesse, 2016)

J’ai souhaité que la première chronique postée sur mon blog soit une déclaration d’amour littéraire à un livre, lu l’année dernière, qui m’a fait revivre intensément les précieux moments de dépaysement que l’on expérimente durant l’enfance, qui a ravivé la flamme des aventures extraordinaires qui m’ont toujours fait rêver et emportée si loin.
Ce livre, on ne le présente sans doute plus. Il a fêté ses dix années d’existence en 2016, au moment même où je faisais sa connaissance. J’aimerais donc lui rendre hommage et vous raconter ma rencontre avec Tobie Lolness, un grand héros de quelques millimètres à peine, mais de ces héros qui portent le monde et votre cœur avec.

Les livres à qui j’ai gracieusement offert le statut de « préférés » sont peu nombreux ; ils se comptent actuellement sur les doigts d’une seule main. Ainsi, pendant très longtemps, Le Petit Prince a profité égoïstement de ce privilège, bien qu’un peu seul, tout de même, sur sa petite planète envahie par les baobabs. Mais un jour, il s’est découvert deux nouveaux amis. Et Tobie Lolness était l’un d’eux.

Je ne saurais me rappeler véritablement de quelle manière mon instinct m’a poussée, l’été dernier, à emprunter ce livre à la bibliothèque. Je recherchais des lectures pour les vacances, et j’avais sans doute déjà vaguement entendu parler de ce roman jeunesse qui semblait déjà culte, et de Timothée de Fombelle. Toujours est-il que je me suis retrouvée en partance pour l’Espagne, avec le tome 1 de Tobie dans mes bagages…

Illustration de François Place pour le tome 1

La vie suspendue…
Et par un tour de magie parfaitement maîtrisé, je me suis effectivement retrouvée suspendue aux pages de ce roman d’aventures, en équilibre instable, perchée au bord de chaque mot, de chaque lettre, emportée par l’histoire et ses héros, exaltée par le sentiment que j’étais accueillie et bienvenue, lecteur découvreur de ce monde unique.

Soudainement, je me retrouvai dans un univers inconnu et pourtant si familier, au milieu de paysages que l’on n’ose à peine imaginer mais qui se dévoilent, là, sous nos yeux ébahis, au fil des mots.

Le récit se déroule, se découvre, arborant les illustrations minutieuses de François Place comme un arbre se pare de son plus beau feuillage. Il invite au voyage, nous vole quelques larmes au détour d’une branche, accroche des sourires à nos lèvres, nous inquiète aussi. La meilleure recette d’un moment de lecture réussi.

L’ingéniosité et la cohérence du monde dans lequel évolue Tobie en font un espace de vie et d’émotion instantanément et irrésistiblement attirant. Dès la première phrase, on s’y retrouve projeté, dévalant les branches les unes après les autres aux côtés de notre héros miniature, arpentant l’immense étendue d’une planète-arbre qui n’est pourtant qu’un microcosme posé là au cœur d’un autre système encore plus vaste.

De moments présents en souvenirs du passé, l’histoire de Tobie se construit avec constance et fluidité au sein des deux tomes, tisse son fil autour de nous, lecteurs, qui réalisons très vite le poids du destin qui pèse sur les épaules du héros, et le devoir qui lui incombe. Les deux tomes sont liés par un déplacement spatial et une évolution morale du héros, qui instaure d’ailleurs une tension narrative particulièrement efficace (à peine avais-je englouti le premier tome que je ne pensais qu’à emprunter le second).

Soulignée par une sensibilisation écologique évidente, l’épopée de Tobie possède à mes yeux un véritable pouvoir : le don de l’aventure merveilleuse, en toute tendresse et honnêteté. Elle m’a permis de me retrouver au plus près de mon enfance et d’en ressentir à nouveau tous les émois et les souhaits. Comme on le dit souvent, « un bon livre pour enfants est également un bon livre pour adulte ». Le pari est mille fois gagné pour Tobie.

Tobie Lolness est donc de ces quelques livres qui m’ont empruntée au monde pour quelques instants, m’ont emmenée dans un fabuleux Autre Part, et m’ont rendue à la réalité, différente de ce que j’étais auparavant. En ont résulté une ouverture en beauté sur le monde de la littérature de jeunesse, ainsi que la découverte d’un univers d’auteur. Que pouvais-je rêver de mieux ?

Timothée de Fombelle, merci.

Qu’avez-vous pensé de Tobie Lolness ? Comptez-vous le lire ?
Quels sont les autres livres de Timothée de Fombelle que vous avez lus ou aimeriez lire ? N’hésitez pas à partager vos impressions en commentaire !

Tobie Lolness, La vie suspendue
Tobie Lolness, Les yeux d’Elisha
de Timothée de Fombelle
Gallimard Jeunesse (2006 et 2007 pour la première édition en grand format)