Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, une jolie plongée dans le monde de l’écriture

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Bon, j’aurais voulu poster cette chronique un peu plus tôt, mais cette chaleur infernale m’a complètement consumé le cerveau et le corps (je ne suis plus qu’une pauvre vertébrée errant mollement dans son appartement…) et m’a empêché jusqu’ici de trouver la force d’écrire (je me demande d’ailleurs comment je trouve la force ici et maintenant, j’espère que cet article tiendra tout de même debout !).

J’ai donc récemment lu un chouette petit roman écrit par l’autrice hollandaise Annet Huizing et édité chez Syros, Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte.
Derrière ce titre à rallonge se cache une mise en abyme fort intéressante sur le thème de l’écriture, soulignée par des différences typographiques et au sein de laquelle le lecteur se trouve peu à peu plongé. Rien ne permet de soupçonner au départ cette distanciation, si ce n’est à l’apparition du premier paragraphe écrit en noir et en gras, qui fait intervenir Katinka, l’héroïne, non pas en tant que simple personnage principal porté par le « je » du récit, mais aussi en tant qu’intermédiaire entre le lecteur et le texte.
L’autrice fait donc adopter à Katinka une double casquette. Aux réflexions de la fillette sur ce qu’elle vient d’écrire, le lecteur ne peut qu’adopter un regard différent sur le texte qu’il vient de lire et se surprendra sans doute à reparcourir certains passages pour s’imprégner davantage des remarques du personnage.

C’est pour moi le gros atout de ce roman, que de permettre à chacun de faire connaissance avec l’acte d’écrire et ce à quoi il engage. Katinka pose à sa voisine Lidwine, elle-même autrice reconnue, les mêmes questions qu’un écrivain en herbe pourrait se poser. Nul ne tombera des nues en apprenant qu’écrire représente autant d’entraînement et de travail que devenir musicien ou sportif. Lidwine use d’ailleurs volontiers de métaphores pour inciter la fillette à « entraîner [ses] muscles d’écriture », lui suggérant des exercices à contraintes pour mobiliser des sensations ou des souvenirs. Au fur et à mesure, le roman de Katinka se déroule sous nos yeux, ponctués de passages critiques animés par Lidwine et elle-même, qui font à la fois avancer l’histoire et le point de vue de la fillette sur ce qu’elle est en train de créer.

Au cœur de ce contexte d’énonciation quelque peu particulier, Katinka et les quelques autres personnages qui gravitent autour d’elle nous content une histoire touchante, qui traite de la reconstruction d’une famille, du rapport avec une mère partie bien trop tôt et dont on a peu de souvenirs, ainsi que de la persévérance dans tout ce que l’on entreprend. Certains passages sont émouvants, mais de ces mots qui vous font pleurer-sourire, et font écho à votre propre histoire de vie.

J’ai passé un très bon moment en compagnie de ce roman, qui m’a personnellement redonné davantage de confiance dans ma démarche d’écriture en me faisant entrevoir certaines pistes de création à exploiter pour éclairer ce chemin ô combien tortueux. Cependant, au-delà du « Show, don’t tell » et de la recherche d’un conflit ou d’un point culminant, je sais aussi que l’écriture n’est avant tout pas une question de règles mais de partage.
Et ce roman est de ceux qui donnent envie de prendre un stylo et du papier, ou bien de s’installer à son clavier.

J’espère que cette chronique vous a plu ! N’hésitez pas à partager votre avis sur ce livre si vous l’avez lu !

Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte d’Annet Huizing
Traduit par Myriam Bouzid
Syros, 2016


5 réflexions sur “Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, une jolie plongée dans le monde de l’écriture

  1. Super intéressant ! J’avais vu passer ce roman sur le web il y a fort longtemps, je ne me rappelais pas de cette particularité énonciative ^^ ça a l’air chouette en tout cas 🙂

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