Le Renard et la Couronne : de l’aventure à perdre haleine

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Le Renard et la Couronne de Yann Fastier (Talents Hauts, 2018)

C’est le tout nouveau bébé des éditions Talents Hauts. C’est un pavé mystérieux de 544 pages. Et c’est tout simplement un roman historique d’aventure époustouflant, à l’action tellement débordante qu’on en a le souffle coupé, et d’une richesse culturelle à en perdre la tête.

Avant tout, je voudrais prendre le temps d’un hommage à la très belle couverture du roman réalisée par Katerina Bazantova. Aussi parce que je m’étais fait une certaine idée du texte à la simple vue de l’illustration, que la lecture une fois amorcée a bien vite fait basculer.
Je ne m’attendais pas à un récit à ce point élaboré et « difficile d’accès ». Je dis « difficile » car il faut à mes yeux être nécessairement un lecteur expert pour apprécier pleinement ce roman. Le foisonnement et la richesse de l’écriture de l’auteur, la complexité du scénario qui traite notamment de stratégies politiques, et certaines scènes quelque peu violentes, entre autres, contribuent à élever la tranche d’âge cible, et c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle les jeunes adultes et lecteurs plus âgés ne l’en apprécieront que davantage (ce qui prouve une fois de plus qu’on ne peut vraiment pas juger un livre à sa couverture *et vlan*).

L’histoire débute à l’image de ces récits d’orphelins, qui nous rappellent quelques bons vieux souvenirs de lectures d’enfance, : sur les pas d’Ana, une orpheline de 10 ans, condamnée après la mort de sa grand-mère à errer sur les routes de Dalmatie dans l’espoir de se construire un avenir à peu près décent.
Ana s’attendait à tout sauf à ce qui va lui arriver dans les centaines de pages suivantes ; comme elle le dit elle-même, ce n’est pas une mais de multiples vies dont elle va faire l’expérience, l’amenant à traverser les frontières de l’Italie, la France et la Serbie, poursuivie par ses origines qui lui réservent un destin peu commun.

D’une souplesse désarçonnante, l’écriture de Yann Fastier virevolte, passant du langage argotique des enfants des rues à la langue châtiée du Grand Siècle français, déployant sous nos yeux de lecteur ébahis des trésors de vocabulaire et de tournures littéraires insoupçonnés en un ravissement de chaque instant. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de roman (toutes catégories confondues) aussi instructif !

Le personnage d’Ana est véritablement bien écrit, surprenant et attachant ; on ne peut que suivre avec intérêt les joies et mésaventures qui se bousculent sur le chemin de l’héroïne, et se réjouir de sa propension à déjouer les stéréotypes.
Avec la même attention que celle qui nous happe au cœur de ces romans d’aventure qui savent si bien entretenir la tension narrative, on assiste à l’évolution d’Ana, de ses 10 à 21 ans, à travers les prises de conscience et les événements auxquels elle fait face. Son histoire d’amour avec l’aventurière Dunja, rencontrée dans les rues de Spalato, représente l’un des grands tournants psychologiques du personnage, auquel le lecteur assiste avec beaucoup d’émotion.

On perçoit dans Le Renard et la Couronne des influences qui sont celles du roman d’apprentissage patrimonial, du roman d’évasion et d’enquête, et de ces contes de fées inoubliables, et l’auteur ne se prive par ailleurs pas d’intertextualité (mention spéciale à Rouletabille !), le tout rassemblé sous la forme d’un récit d’une réjouissante hybridité, mais aussi d’une certaine modernité rafraîchissante.
Bref, un roman historico-aventureux extraordinaire comme je les aime, qui vous happe et vous habite.

Ce roman s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale de Talents Hauts : surprenant, féministe, intense, émouvant et drôle, il ne pourra que ravir votre cœur et vous fera passer un long moment de lecture inoubliable que tout bon lecteur qui se respecte ne peut décemment pas se refuser.
Alors, si j’étais vous, je profiterais de mon été pour m’y plonger !

Et si c’est déjà fait, n’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé du roman en commentaire, je serais ravie de découvrir votre avis !

Un grand merci à Talents Hauts pour l’envoi du texte !


10 réflexions sur “Le Renard et la Couronne : de l’aventure à perdre haleine

  1. La critique que tu as rédigée de cet ouvrage est, d’une part, très bien écrite, ce qui est particulièrement agréable et vraiment très intéressant à lire ! D’autre part, le ton est tellement enthousiasmant ( comme toujours, c’est vrai ! : ) que j’ai hâte de me le procurer et de le découvrir ! Un très bel été à toi, Camille ! Je t’embrasse, Véronique

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