[Émotions de rentrée littéraire #2] Neverland de Timothée de Fombelle : tout droit jusqu’au matin, je rentre en enfance

 

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Neverland, Timothée de Fombelle (Éditions de l’Iconoclaste, 2017)

Deuxième volet de mes émotions de lectrice à l’occasion de cette rentrée littéraire !
L’un des événements, cette année, était la sortie du nouveau roman de Timothée de Fombelle, Neverland… Un roman entièrement dédié à l’état et aux souvenirs de l’enfance, pour tous ceux qui la redécouvrent encore et toujours, ne cessent de la questionner et tenter de l’apprivoiser…

Je savais dès le départ que ce texte allait être important, qu’il allait remuer des choses en mon cœur et ma mémoire. Je l’ai abordé avec envie, curiosité, et crainte, tout à la fois. Avec cet article, j’ai tenté d’exprimer au mieux les émotions qui m’ont été procurées par cette lecture extraordinaire.

Là où survivent tous ces instants de vie qui nous ont fait tels que nous sommes aujourd’hui, là où palpitent dans le brouillard, dissimulés tels des êtres craintifs, ces heures éternelles du passé qui chuchotent la vérité, là où l’enfance nous attend, revenir et contempler.
À Neverland, la contemplation est incertaine, elle est gonflée de questions, imbibée de larmes. Lorsque survient l’exquise reconnaissance de cet état d’existence révolu, les souvenirs qui s’y entremêlent, les sensations qui se rappellent, le voyage est déjà commencé. Le cheval du narrateur est en route vers des contrées sauvages qui se laisseront peut-être conquérir, vers la frontière, la grande falaise qui sépare les Deux Mondes, qui n’est en réalité pas tellement profonde

Course-poursuite à travers les branches de la forêt de l’enfance, broussailleuse et mystérieuse, recelant le familier comme l’inattendu.
Dévoilée, une collection de souvenirs s’offre à nous, étrangers et tout autant appropriés par le cœur à la recherche d’une similarité, une trace convergente, une aide pour retrouver son propre chemin. Retrouvailles avec les sens de l’enfance, la prégnance du réel, les aspérités multiples du quotidien.

La quête progresse, dévoile et déroule ses étapes essentielles, le temps de la compréhension, du retour en arrière, de l’arrêt sur image.
Et au détour d’une rivière, l’énigme de l’enfance trouve sa source et sa réponse… laissant entrouverte la porte de la résolution sur un horizon plus vaste encore.

Écorché, le cœur, de tant d’empathie et de tristesse, de s’être reconnu au fil des pages dans l’altérité du récit autobiographique.
Coulent les larmes, parce que les mots sont là, qu’ils sont vrais et justes et uniques, parce qu’il faut apprendre à embrasser son enfance, l’accepter comme elle est, la consoler et la rassurer. Lui dire que les faux-semblants sont inutiles. Que l’âge est une superficialité.
Que je sais qui tu es, qui tu as été, que je tenterai d’appréhender ce que tu seras, du haut des ruines de mon jardin éboulé. Que j’ai appris de la peine vécue, que je ne m’en remettrai pas mais que je l’ai apprivoisée. Je te tiendrai désormais par la main, tu me souffleras dans l’oreille la direction à prendre, et nous irons jusqu’à l’horizon, là-bas. Celui au-delà duquel on ne revient pas. Ensemble. Sans déguisement.
Je rentre au pays. Le pays de mon enfance.

« D’où suis-je ? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d’un pays. »
Antoine de Saint-Exupéry

D’un jardin suspendu ou éboulé s’égrène par petits pétales la remémoration de notre enfance, de notre pays. Chacun d’entre nous pourra s’il le souhaite retrouver son jardin, entretenu ou délaissé selon les circonstances, les dispositions de notre cœur… Il suffit de lever l’ancre, de seller un cheval ou encore un dragon, de suivre les cartes, se laisser guider sur leurs routes, et de regarder. L’enfance est là.

Neverland, quête introspective magique et puissamment évocatrice de l’enfance, s’adresse à tous ceux qui la portent en eux comme on porte un trésor bien protégé, tout autant qu’à ceux qui ont voulu l’oublier, la renier.
Sur les sentiers parcourus par l’auteur pour renouer le lien entre les Deux Mondes, vous apprendrez, tout comme j’ai appris, à laisser parler le cœur, les sensations, et à accueillir vos souvenirs, quels qu’ils soient.

Une fois de plus, et pour l’éternité, merci Timothée.

~ Texte écrit à l’écoute répétée de On the Ground – Adam Young ~


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