La sublime communauté : le genre de la dystopie a du potentiel à revendre

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La sublime communauté, Les Affamés, Emmanuelle Han (Actes Sud Junior, 2017)

Je vous l’avais présenté dans le book haul du mois de septembre, et voici venue la chronique du prochain roman ado du catalogue d’Actes Sud Junior : La sublime communauté. L’occasion de voir un peu ce qui se cache entre les pages de ce texte dit « dystopique » et l’immersion qu’il propose au lecteur…

Habitués que nous sommes désormais à la dystopie en littérature jeunesse et young adult, nous pourrions être tentés de penser que le genre tend à s’essouffler et peine à se renouveler. Mais ce serait sans compter sur Emmanuelle Han et son premier roman, La sublime communauté, dont le tome 1 intitulé Les Affamés sort le 4 octobre prochain en librairie (à vos agendas !)

Prenez tout d’abord un contexte d’anticipation, qui nous décrit notre planète en plein déclin et à bout de souffle, ainsi que l’évident exode des populations à la recherche d’un lieu plus favorable à leur survie. Ajoutez un élément science-fictionnel, par exemple des portails spatiaux mystérieux transformés en terre promise. Et pour porter le lecteur à travers ce scénario catastrophe, saupoudrez de trois personnages au caractère fort : Tupà, Ekian et Ashoka, trois destinées a priori distinctes mais pourtant profondément liées. Sans oublier un soupçon de mysticité et de magie ! (mais je n’en dis pas plus…)

De nombreux ingrédients sont donc mêlés ici qui forment un récit riche, dense, pour le moins complexe, qui s’installe très vite dans un rythme narratif modéré, presque contemplatif, où chaque information livrée au lecteur est mesurée. L’autrice sait parfaitement entretenir le mystère et la tension narrative, notamment au sujet des Portes vers lesquelles l’attention converge sans cesse et dont on n’apprend que tard au milieu du récit l’apparence et le mode de manifestation.

Fondés sur l’alternance entre les portraits de nos trois héros et alimentant cette maîtrise du suspense, les chapitres offrent tour à tour le point de vue de chacun d’entre eux, distillant leur parcours, leurs questionnements et leurs décisions jusqu’à un éventuel point de rencontre, attendu par le lecteur, qui signe un premier point culminant de l’histoire. La véritable aventure ne fait alors que commencer, et le dernier chapitre est très efficace pour maintenir l’attente du lecteur… Autrement dit, vivement le tome 2 !

Emmanuelle Han réussit avec ce roman à proposer un univers savamment pensé et construit, mélange de plusieurs genres littéraires imbriqués avec cohérence, régi par des forces impitoyables dont les desseins sont loin d’être tous connus à la lecture du premier tome et qui laissent présager le pire pour la suite. Forte de ses expériences de voyages à travers le monde, elle nous livre, au-delà d’une fiction dense et fascinante, un périple culturel à la découverte des identités du monde et d’une certaine notion d’universalité. Une réussite !

Comme vous le voyez, j’ai vraiment trouvé ce roman intriguant et très intéressant, je lui trouve du potentiel et j’espère qu’il aura une belle vie entre les mains des lecteurs !
Je remercie grandement Actes Sud Junior pour cet envoi qui fut une belle découverte livresque.

Alors, êtes-vous tentés ? Certains d’entre vous l’ont-ils déjà lu ?
Dites-moi tout 🙂


18 réflexions sur “La sublime communauté : le genre de la dystopie a du potentiel à revendre

  1. ça a l’air super! Il y avait une opération sur Booknode pour le gagner, même si je m’étais inscrite (je n’ai pas gagné finalement) je n’étais que moyennement tentée, la couverture et le résumé ne me disant rien qui vaille :/
    Heureusement que tu es là 😀

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    1. C’est vrai qu’on assiste encore une fois à l’utilisation de couvertures photographiques, mais je trouve celle-ci plus attrayante que ce qu’on peut voir d’habitude, elle est relativement simple et n’impose pas trop sachant que les visages sont en partie cachés.
      Finalement ce roman s’est révélé très surprenant 🙂

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  2. Je l’ai trouvé très prometteur et très intriguant car il laisse finalement plein de questions en suspens : sur les Portes et les Six Mondes, sur les Guetteurs, sur le destin des trois personnages… J’ai beaucoup aimé le fait d’être sur d’autres continents que ceux souvent visités (Europe et Etats-Unis…) même si deux des protagonistes restent des blancs. Ça apporte une note de fraîcheur et d’exotisme en me sortant d’un univers connu. Je suis curieuse de lire la suite !

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    1. Exactement ! A la fin du premier tome 1, on sait certaines choses mais on sent bien que c’est peu par rapport à tout ce qu’il se trame véritablement.
      Oui, c’est très enrichissant de découvrir ces différentes cultures, qui ne sont pas forcément les plus représentés en littérature d’ailleurs.

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      1. Je pense aussi de toute façon ! (Je ne pense qu’elle se fasse un trip à la façon des Orphelins Baudelaire où tu ressors avec plus de questions qu’au départ !)
        Je l’ai reçu avec Babelio et ils organisent aussi une rencontre mardi prochain !

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      2. Ça me fruste un peu dans les Orphelins Baudelaire, mais pas tant que ça, je trouve que la fin est tout à fait dans le ton de la saga. Mais là, ce serait totalement inapproprié !
        Oui, j’y suis allée, c’était plutôt intéressant, oui ! Et effectivement, elle nous a dit qu’elle avait besoin de ce premier tome pour mettre en place l’intrigue, faire évoluer ses personnages, tout ça, mais que c’était leur union qui allait vraiment avoir un impact, donc je pense que les choses devraient bouger dans le second tome !

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  3. Pas lu, pas forcément tentée car le dystopique n’est pas ma tasse de thé ( j’ai déjà l’impression de vivre dans un monde qui s’y dirige tout doucement ^^;;;) mais je trouve la couverture plutôt belle par rapport à d’habitude en littérature young adult dystopique.
    Les sables qui y sont représentées plus le thème des Portes me font un peu penser à Dune de Frank Herbert (sans compter la remarque de l’oursebibliophile concernant les Touaregs) …

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    1. En même temps tu n’as pas tort, d’ailleurs une copinaute a écrit un article sur ce sujet qui pourrait t’intéresser et qui s’intitule « Si la dystopie c’était maintenant ? », dont voici le lien :
      https://lateteenclaire.wordpress.com/2017/09/23/et-si-la-dystopie-cetait-maintenant/

      En effet, moi aussi je trouve la couverture très bien travaillée !
      Je ne connais pas ce livre du coup j’en prends note 😀 Merci !

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