La légende de Momotaro, album coup de cœur !

A1K53ShIdJL.jpg
La légende de Momotaro de Margot Remy-Verdier et Paul Echegoyen (Marmaille & compagnie, 2016)

Aujourd’hui, j’ai envie de chroniquer un album, et pas des moindres.
En travaillant sur mon mémoire, qui avait pour sujet les représentations du Japon dans la littérature de jeunesse traduite et éditée en France, j’ai découvert tout un tas de beaux albums français et japonais (comme vous aviez pu le voir dans mon article book haul du mois de mai) qui méritent qu’on parle d’eux, donc ne soyez pas trop effrayés si vous voyez prochainement fleurir tout un tas de chroniques d’albums japonais ou ayant pour thème le Japon (mais qu’est-ce que c’est que ces étrangetés ?!).

Et c’est notre cher Momotarô qui ouvre le bal, avec La légende de Momotaro de Margot Remy-verdier et Paul Echegoyen, aux éditions Marmaille & compagnie.
Vous savez, Momotarô, le héros légendaire de l’un des contes les plus renommés de l’archipel ! En première année de licence de japonais, nous en avions fait une traduction intégrale donc autant dire que je connais bien cette histoire.

J’avais repéré l’album sur le stand de Marmaille & compagnie au SLPJ de Montreuil l’année dernière, et il a fait partie des nombreux livres que j’ai empruntés pour étudier la présence de la culture japonaise en LJ.
Comme il ne m’a finalement pas grandement servi pour l’écriture de mon mémoire (je voulais étudier les variantes de ce conte mais je ne disposais pas de suffisamment de matériel livresque pour ce faire), je tenais particulièrement à en faire l’éloge ici car je suis instantanément tombée amoureuse de cette adaptation très fidèle au récit d’origine de Momotarô. Il faut dire qu’on trouve de tout dans les adaptations de contes, et parfois même de drôles de choses, mais j’ai été comblée par cet album qui, en plus d’être fidèle au texte, présente des images aux ambiances et compositions magnifiques.

Regardez-moi cette première de couverture (en haut de l’article), toute de vert vêtue, qui dévoile subtilement la silhouette de la fameuse pêche dont est né notre héros ! On dirait presque une boule de cristal nous dévoilant l’intrigue.

tumblr_o19bo37k9R1rga62zo1_500
© Paul Echegoyen (2016)

Les pages s’ouvrent sur le texte rimé de Margot Remy-Verdier qui confère au récit une belle poésie se prêtant à merveille à la lecture à voix haute. C’est un texte qu’on a envie de réciter, de chantonner presque.

Un autre aspect intéressant de ce texte, c’est l’apparition de l’énonciation du discours, lorsque Momotarô prend la parole pour nous raconter son aventure.
Incarner un personnage de conte de cette façon le rend plus proche du lecteur, ce qui n’est pas un mal étant donné que les figures héroïques de contes, brassées par les réécritures, ont tendance à devenir des personnages un peu lointains, qu’on ne s’approprie pas aisément.

Le fameux dialogue répété comme une comptine entre Momotaro et les trois animaux qu’il rencontre sur son chemin n’a pas été occulté, ce qui représente un troisième bon point pour cette adaptation. Les boulettes de millet sont d’ailleurs nommées par le terme associé, kibi dango, et là Camille exulte : « OUIII !! Ce texte contient au moins un mot du lexique japonais ! »

[Petite parenthèse sur l’onomastique] À noter que cet album n’utilise pas la transcription Hepburn usuelle, faisant perdre à Momotaro sont bel accent circonflexe. C’est peut-être le seul défaut que je trouve au livre (bah oui, il faut bien en trouver un !).

Dialoguent donc avec ce joli texte, comme je le disais plus haut, des images somptueuses, au sein desquelles la nature sauvage japonaise se dévoile. On retrouve les fameuses forêts de pins, une mer de nénuphars, des branches de cerisier et de bambou…
La précision et le style des traits qui composent la végétation me fait d’ailleurs penser aux éléments végétaux typiques des estampes, et la descente de Momotaro à flan de montagne envahie par les arbres et les oiseaux en premier plan évoque sensiblement un paysage digne de l’ukiyo-e.

tumblr_o4i2429EGV1rga62zo1_500
© Paul Echegoyen (2016)

Chaque page et double page crée une ambiance sensorielle et narrative particulière. De l’univers enchanté de la nature, où dominent des tons de vert et de bleu, l’on passe aux décors infernaux et rougeoyants de l’île des diables (Oni-ga-shima) dans lesquels se côtoient ombres effrayantes et masques bestiaux. Deux mondes distincts s’opposent donc dans cet album et donnent à voir l’étendue du talent artistique de Paul Echegoyen.

tumblr_o4i274Hg0N1rga62zo1_500
© Paul Echegoyen (2016)

Comme un élément de stylisation immuable traversant ces paysages, les mèches de cheveux bleu électrique de Momotaro achèvent de tracer le portrait mystérieux de ce personnage au regard rêveur et pacifique.

tumblr_o4i1clAkEe1rga62zo1_500
© Paul Echegoyen (2016)

Un album qui réussit en tous points son pari de proposer une variante du conte de Momotarô aux lecteurs français !

Il ne me reste plus qu’à l’acquérir et à espérer croiser Paul Echegoyen en dédicace un de ces jours pour lui déclamer une ode enamourée à ses incroyables illustrations.
Je ne peux m’empêcher de vous montrer celle que je préfère (ne l’ayant pas trouvée sur le site de l’illustrateur, je l’ai prise moi-même en photo) :

J’aime la composition de cette image, la courbe tracée par la file des paysans au premier plan et la trajectoire perpendiculaire de Momotaro, solitaire et paisible, traversant le pont un arbre sur l’épaule… Le parallèle entre le travail quotidien des hommes et la force exceptionnelle de Momotaro connote presque l’illustration d’un aspect humoristique. Et je ne parle même pas des couleurs qui sont incroyables !

IMG_6266.JPG

N’hésitez pas à faire un petit tour sur le site officiel ou la page Facebook de Paul Echegoyen, on y trouve de quoi se ravir les prunelles !
Je suis d’ailleurs tombée amoureuse de la couverture de ce roman graphique publié l’année dernière chez les éditions Les Minots… Craquage en vue !

1900-zoom.jpg
1900 de Pog et Paul Echegoyen (éditions Les Minots, 2016)

 

J’espère que cette première chronique japonisante vous a plu ! Avez-vous eu vous aussi un coup de cœur pour ce superbe album ?


16 réflexions sur “La légende de Momotaro, album coup de cœur !

    1. Je suis ravie que cette chronique permette de faire un peu mieux connaître cet album ! 🙂
      J’ai eu peu de temps pour la rédaction mais je me s’en suis bien sortie, en fait notre mémoire est divisé en quelque sorte sur les deux années de master. Je suis contente de mon sujet, on m’avait dit de faire attention car on passe tellement de temps sur ce travail qu’on peut en venir à détester son sujet, mais franchement ça n’a pas du tout été mon cas. C’est vraiment super intéressant et comme le Japon et sa culture ont constitué une partie de mes études, je suis ravie de pouvoir étendre à la littérature de jeunesse ce que j’ai appris en licence de japonais 🙂

      Aimé par 1 personne

      1. Ah oui j’imagine, même en étant passionnée, c’est difficile de ne pas être dégouté au bout de 2 années, après autant d’effort, de doute, de recherche, de lecture (parfois forcée),… Mais t’en mieux pour toi, ta passion est une force et ça se ressent dans tes articles ! Ah oui en effet, tu t’en sors bien en réussissant à mêler tes deux licences (t’as raison, faut être malin héhé 😉 ).

        J’aime

      2. Je suis ravie que tu me dises que ma passion pour le Japon se ressente dans les articles qui en parlent 😀
        En fait, je suis en master de LJ 🙂 Du coup j’ai un parcours assez atypique (puisque la suite logique de la licence de jap c’était censé être le master de japonais xD) mais je trouve que ça en fait une force 🙂

        J’aime

  1. La couverture est belle comme une affiche de Ghibli ^^ Et quel magnifique album !
    L’aspect « plaqué » de certaines pages me fait penser à l’album « Le souhait d’Idriss » (complètement moyen-oriental pour le coup), où les illustrations sont principalement faites de tissus ^^

    J’aime

  2. OH MON DIEU. Les illustrations sont magnifiques ! Il me le faut *-*
    Tu m’as donné très envie de le découvrir en tout cas, merci pour cette nouvelle découverte (mon porte-monnaie ne te remerciera pas la prochaine fois que j’irai en librairie jeunesse) !

    Aimé par 1 personne

    1. Haha ton commentaire est on ne peut plus réjouissant !
      Je ne pense qu’à la rentrée, au moment où j’aurai à nouveau un peu plus d’argent (les vacances, ça fait des trous dans le budget > <) pour enfin l'acquérir pour moi toute seule !
      Je suis ravie de te l'avoir fait découvrir en tout cas, cet album mérite vraiment qu'on parle de lui 🙂

      Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s